Le sol est l’élément central de la vie sur Terre ; c’est aussi un univers étonnant et peu compris qui se trouve juste sous nos pieds.
La majorité des gens ne prêtent pas beaucoup d’attention au sol, et s’ils le font, ils le considèrent souvent comme sale. Pourtant le sol est plus précieux que l’or, car sans le sol nous ne pourrions pas nous nourrir, alors que l’or ne se mange pas.
La santé du sol, ou qualité du sol, est la capacité du sol à fonctionner en tant qu’écosystème vivant pouvant nourrir les plantes, les animaux et les humains.
La santé du sol est centrale pour une production alimentaire durable, et la compréhension du sol est centrale pour assurer la santé du sol.
Le sol dans les grandes lignes
Comment se fabrique un sol ?
Fabriquer un sol est assez simple, il vous suffit de prendre une roche et de la laisser reposer longtemps. Et même très longtemps, de l’ordre d’un millier d’années.
Au bout de ce temps, la roche se sera érodée et brisée en morceaux de plus en plus petits, qui finiront par former la structure du sol.
Mélangez cette roche désintégrée avec un peu d’autres roches désintégrées, ajoutez quelques plantes et animaux morts ainsi que leurs sous-produits, mélangez avec quelque chose comme dix milliards de microorganismes par gramme de sol, encouragez des organismes plus gros à s’y déplacer, et voilà, vous avez votre sol.
Le sol un peu plus en détail
Le sol est un mélange de cinq éléments de base : matière minérale, matière organique, organismes vivants, gaz et eau.
Matière minérale
Les minéraux du sol sont les petits morceaux issus de la roche qui a été érodée par des phénomènes physiques comme le gel, le dégel, le vent et la pluie, des phénomènes chimiques comme les pluies acides, ou des phénomènes biologiques comme la consommation de la roche par des bactéries.
Les particules minérales peuvent être réparties en trois groupes par ordre croissant de taille : l’argile, le limon et le sable.
Pour se faire une meilleure idée de l’échelle, si une particule d’argile avait la taille d’une pièce de monnaie, une particule de sable serait aussi grosse qu’un tonneau de bière.
Par exemple, les sols qui présentent une grande proportion de sable seront qualifiés de sols sableux. La grande taille des particules de sable fait que ces sols sont faciles à travailler et bien drainés, mais sujets à l’assèchement.
En revanche, les sols qui contiennent davantage d’argile retiennent mieux l’eau et sont moins exposés à la sécheresse, mais ils sont difficiles à travailler et ils se réchauffent moins vite au printemps.
Si vous êtes capable de déterminer vos types de sols et de comprendre leurs caractéristiques, vous pourrez mieux gérer vos cultures.
Matière organique
La matière organique du sol est constituée de fractions de plantes, animaux et microorganismes morts et de leurs sous-produits.
La teneur en matière organique d’un sol cultivé est généralement d’environ 5 %, mais elle peut aller de 2 à 20 %.
Les sols naturellement riches en matière organique sont qualifiés de sols organiques, comme le tchernoziom que l’on rencontre dans la steppe eurasienne.
La matière organique est vitale pour la santé du sol, et il convient d’adopter des pratiques culturales qui en conservent ou améliorent la teneur.
Quelques avantages de la matière organique du sol |
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Fertilité | Joue un rôle de réserve de nutriments pour la plante, notamment d’azote, de phosphore et de soufre, ainsi que de micronutriments, qui sont libérés progressivement lorsque la matière organique se décompose. |
Structure | Contribue à la structure du sol et à la formation d’agrégats, ce qui améliore l’infiltration de l’eau et les capacités de rétention. |
Travail du sol | Rend le sol plus facile à travailler, d’où une réduction des coûts. |
Protection | Mélangée au sol, la matière organique le protège contre l’érosion par le vent et par l’eau. Laissée à la surface, elle limite l’évaporation et retient l’humidité du sol. |
Nutrition | Fournit des éléments nutritifs aux organismes du sol. |
Organismes vivants
Les microorganismes (bactéries, actinomycètes, champignons, algues et protozoaires, par exemple) décomposent la matière organique, libérant ainsi dans le sol des nutriments qui pourront être prélevés par les plantes.
La faune de plus grande taille (collemboles, acariens, nématodes, vers de terre et fourmis, par exemple) contribue au déplacement et à l’intégration de la matière organique dans tout le profil du sol.
Le saviez-vous ?
- Le sol est une ressource vivante, qui abrite plus de 25 % de la biodiversité de notre planète.
- On estime que seulement 1 % des microorganismes du sol sont connus actuellement, contre 80 % des espèces de plantes.
- Une cuillerée à café de sol contient plus d’organismes vivants qu’il y a d’êtres humains dans le monde.
Gaz et eau
Les proportions de gaz et d’eau dans le sol varient selon qu’il pleut ou qu’il fait sec.
Les gaz du sol (azote, dioxyde de carbone et oxygène) se trouvent dans les espaces entre les agrégats. L’oxygène permet aux racines des plantes et aux organismes du sol de respirer.
Le 5 décembre de chaque année, la Journée mondiale des sols permet d’attirer l’attention sur l’importance d’un sol en bonne santé, et de promouvoir la gestion durable des sols en tant que ressources.
Érosion du sol
Il faut très longtemps pour qu’un sol se constitue, mais nous pouvons le détruire en quelques minutes.
On estime que 5 à 7 millions d’hectares de terre sont perdus chaque année, ou que 24 milliards de tonnes de sols fertiles sont dégradées chaque année. Cela est dû en grande partie à l’érosion du sol liée à de mauvaises pratiques agricoles.
Même si l’érosion du sol est naturelle dans une certaine mesure, les pertes actuelles de sol ont un rythme beaucoup plus rapide que le renouvellement. Ainsi, si nous ne faisons rien, notre capacité à produire notre alimentation se réduit.
L’érosion par l’eau et par le vent en lien avec les pratiques agricoles sont la principale cause de dégradation des terres.
L’érosion des sols réduit la productivité agricole dans les parcelles, et le sol déplacé peut finir par bloquer les cours d’eau et entraîner une eutrophisation.
L’eutrophisation se produit lorsque des quantités excessives de nutriments se retrouvent dans les cours d’eau, où des algues les consomment et prolifèrent. La lumière du soleil est bloquée, l’oxygène disparaît : cela devient une zone morte, impropre à la vie.
Érosion éolienne
Lorsque la vitesse du vent est suffisante, les particules de sol des parcelles exposées commencent à rouler sur la surface, on parle de reptation en surface.
Si la vitesse du vent augmente encore, les particules de la surface du sol commencent à se soulever dans l’air, ce qui libère d’autres particules.
Une fois soulevées dans l’air, les particules peuvent parcourir de longues distances, jusqu’à ce que la vitesse du vent diminue.
Érosion hydrique
Les gouttes de pluie peuvent, en frappant les sols exposés, briser les agrégats du sol en particules individuelles qui peuvent alors être transportées par le ruissellement de l’eau.
Selon la pente de la parcelle, et le volume et la vitesse de l’eau, le sol peut être érodé en lames, ou en canaux appelés rigoles.
Réduction de l’érosion du sol
Le meilleur moyen de réduire le risque d’érosion du sol est de le maintenir couvert.
Couvrir votre sol par des cultures, des résidus de culture ou des cultures intermédiaires vous permet de le protéger des effets de la pluie et du vent, et les racines vivantes contribuent à la cohésion du sol, ce qui réduit le risque d’érosion.
Malgré toutes nos réalisations, nous devons notre existence à une couche de quinze centimètres de terre arable et à la pluie. Paul Harvey